17 mai, 2010

La déclaration de Mgr Thomas Olmsted sur un cas d'avortement thérapeutique

Un communiqué officiel de l'évêque de Phoenix, Arizona, sur l'enfant de onze semaines avorté parce que la vie de sa mère était menacée par la poursuite de la grossesse, a été largement repris par la presse.

Je suis gravement préoccupé par le fait qu'un avortement ait été pratiqué il y a quelques mois dans un hôpital catholique de ce diocèse. Je suis aussi préoccupé par la déclaration de l'hôpital selon laquelle le coup d'arrêt à une vie humaine était nécessaire pour traiter l'état médical sous-jacent de la mère.
Un enfant à naître n'est pas une maladie. Bien que les professionnels de la médecine doivent certainement tenter de sauver la vie d'une femme enceinte, le moyen d'y parvenir ne peut jamais être de tuer son enfant à naître. La fin ne justifie pas les moyens.
Toute institution catholique est tenue de défendre la vie humaine à toutes ses étapes : depuis la conception jusqu'à la mort naturelle. Cette obligation pèse sur chaque individu catholique. Si un catholique coopère formellement à la procuration d'un avortement, il est automatiquement excommunié par cette action. L'Eglise catholique continuera de défendre la vie et de proclamer la malice de l'avortement sans compromission, et elle doit même corriger ses propres membres s'ils devaient manquer à ce devoir.
Nous devons toujours nous rappeler que lorsqu'une situation médicale compliquée se présente à propos d'une femme enceinte, il y a alors deux patients qui ont besoin de traitement et de soins, et non pas un seul. La vie de l'enfant à naître est tout aussi sacrée que celle de la mère, et l'on ne peut préférer une vie par-dessus l'autre. On appelle très justement « mère » la femme dès l'instant de la conception et pendant la durée de sa grossesse elle sera considérée comme étant « avec enfant ». [NDLR : c'est l'expression anglaise with child, synonyme d'« enceinte ».]
La mise à mort directe d'un enfant à naître est toujours immorale, quelles que soient les circonstances, et ne peut être autorisée dans une institution, quelle qu'elle soit, qui s'affirme authentiquement catholique.
Comme feu notre Saint-Père, Jean-Paul II l'a solennellement enseigné dans son encyclique Evangelium vitae, « l'avortement direct, c'est-à-dire l'avortement voulu comme fin ou comme moyen, constitue toujours un grave désordre moral puisqu'il s'agit de la mise à mort délibérée d'un être humain innocent » (Evangelium vitae, §62).
Les Directives éthiques et religieuses pour les établissements de soins catholiques (ERD) sont très claires à ce propos : « Le ministère des soins de santé catholiques témoigne du caractère sacré de la vie humaine depuis le moment de la conception jusqu'à la mort. La défense de la vie par l'Eglise englobe les enfants à naître et les soins des femmes et de leurs enfants, pendant et après la grossesse. » Les ERD affirment également que « l'avortement (c'est-à-dire l'arrêt directement voulu de la grossesse avant la viabilité ou la destruction directement voulue du fœtus viable) n'est jamais permis. Chaque intervention dont le seul effet immédiat est de mettre fin à une grossesse avant la viabilité est un avortement. … Les établissements de soins catholiques ne doivent pas fournir des services d'avortement, même s'ils sont fondés sur le principe de la coopération matérielle. Dans ce contexte, les établissements de soins catholiques doivent être attentifs au risque de scandale lié à n'importe quelle forme d'association avec ceux qui procurent des avortements.
Mgr Olmsted, en vertu de sa charge, est la voix d'autorité en matière de foi et de morale dans le diocèse de Phoenix. Cela comprend chaque institution catholique officielle du diocèse.
Pour la presse américaine, cela est pire qu'inacceptable : incompréhensible. Et elle présente la prise de position de l'évêque comme la condamnation à mort, froide et sans humanité, de la mère. Oubliant que l'Eglise demande justement que tout soit fait pour sauver toutes les vies impliquées dans ce genre de drame.

© leblogdejeannesmits.

2 commentaires:

Unknown a dit…

Merci monseigneur de ce rappel de l'égalité de tous les êtres humains.

Ainsi Mgr condamne même la collaboration matérielle. Selon lui, la fourniture de la salle d'opération et du personnel infirmier est illicite.

Il est contradictoire que les partisans des droits de l'homme, donc de l'égalité de tous les êtres humains dans leurs droits fondamentaux, établissent en pratique une hiérarchie entre ces êtres sur ce sujet. Nous qui sommes accusés d'être sans coeur rappellons justement cette égalité non seulement dans les principes, mais encore en pratique.

Le volontaire indirect est licite en revanche car il préserve cette égalité.

Simon a dit…

Ne s'agit-il pas ici d'un cas où la loi de l'Eglise est inadaptée? une loi ne peut couvrir parfaitement tous les cas, aussi juste soit-elle.

A titre personnel, je pense que si une grossesse entraine de manière probable la mort de la mère et de l'enfant, il n'y a pas à tergiverser, il faut y mettre fin, même si cela signifie tuer un innocent; si la grossesse entraine de manière probable la mort de la mère sans entrainer celle de l'enfant, c'est à la mère de choisir.

Je pense qu'un raisonnement par analogie permet de voir cela : vous avez deux amis, le premier suspendu à une balustrade et le second au premier : si le fait que le second soit suspendu au premier entraine de manière probable la chute des deux dans le vide, et que toutes les autres solutions ont été tentées, il faut jeter le deuxième dans le vide, même s'il est parfaitement innocent et n'a aucune responsabilité pour s'être ainsi suspendu. C'est certes un meurtre, mais un meurtre nécessaire. S'il est probable que le fait de rester suspendu entraine la mort du premier sans entrainer celle du second, et que le second ne peut pas s'exprimer et qu'il se trouve dans une situation ou sa disparition génerait moins, c'est au premier de décider s'il faut jeter le second dans le vide.

Bien entendu, le fait que l'avortement puisse être exceptionnellement justifié n'enlève rien à son immoralité "ordinaire", comme le fait que dans notre exemple le meurtre soit exceptionnellement justifiable n'enlève rien au commandement "tu ne tueras pas".

Pourriez-vous m'indiquer où mon raisonnement est faux? car je ne suis absolument pas philosophe ou moraliste (ma formation est en chimie), et je ne sais pas si le raisonnement par analogie est permis en morale.

Cordialement.

 
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