28 avril, 2010

Belgique : la sédation palliative remplace l'euthanasie

Selon la revue néerlandaise Palliatieve Zorg (soins palliatifs) près d'un cas de sédation palliative sur cinq semble constituer une euthanasie qui ne dit pas son nom en Flandre : en Belgique néerlandophone, selon une enquête, 17 % de ces procédures sont utilisées en vue de hâter la survenue de la mort et relèvent donc d'une intention euthanasique de la part du médecin.

La sédation palliative est une procédure dont le but affirmé est d'alléger des souffrances à l'extrême fin de la vie : elle consiste à endormir profondément le patient qui souffre trop alors que la fin est très proche.

Mais elle n'est pas dénuée d'ambiguïté puisque la procédure prévoit aussi l'arrêt de la nourriture et de l'hydratation et, par conséquent, une mort certaine dans les quinze jours de sa mise en place.

En fait, tout dépend de l'intention du médecin : alléger des souffrances insupportables alors que la fin est inévitable, même si celle-ci peut alors être accélérée, ou poser un acte qui délibérément va envoyer le patient vers la mort.

En Flandre, révèle l'enquête, le nombre de décès survenus à la suite d'une sédation palliative a grimpé de 8,2 à 14,5 % du total. Les enquêteurs ne se prononcent pas sur le fait de savoir si cette augmentation révèle une peur des médecins devant les conditions restrictives de l'euthanasie légale en Belgique, une préférence pour cette méthode moins directement perçue comme une mise à mort ou comme le signe que le corps médical hésite moins à avouer qu'elle a recours à la sédation palliative.

Aux Pays-Bas la procédure de sédation palliative obéit à des directives assez strictes qui comprennent l'interdiction de recourir aux opiacés comme la morphine, alors qu'il en est fait usage dans 83 % des procédures en Flandre.

Tout cela révèle l'ambiguïté croissante des manœuvres entreprises en fin de vie. Aux Pays-Bas on observe aussi l'assez forte montée de la sédation palliative tandis que le nombre des euthanasies évolue peu, sans que l'on sache vraiment s'il y a intention homicide ni, si c'est le cas, quelle est la proportion des cas où la sédation palliative est tout simplement une euthanasie déguisée.

Loin de mettre fin au problème moral de l'euthanasie, il me semble que la progression de la sédation palliative est plutôt une manière d'enterrer la question vivante, si l'on peut dire.

© leblogdejeannesmits.

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