20 février, 2010

Euthanasie aux Pays-Bas : les étrangers à la traîne...

La même Hilde Buiting qui s'est intéressée à l'euthanasie des bébés aux Pays-Bas a également enquêté sur l'euthanasie parmi les populations d'origine étrangère aux Pays-Bas – les « allochtones » – et dans les pays étrangers. L'attitude culturelle et religieuse jouent pour ou contre une décision d'euthanasie prise par l'intéressé lui-même : cela n'est finalement pas très surprenant et si les Pays-Bas sont pionniers dans ce domaine on peut supposer que c'est en raison de la déchristianisation et de la laïcisation accélérées de ce pays.

Quand Dieu n'est plus perçu comme celui qui donne la vie, l'homme devient son propre juge, le « suicide »,  fût-il administré par autrui, une fin normale et acceptable et, de fil en aiguille, le choix de la mort pour un tiers qui n'est plus en état d'en décider se transforme en acte de miséricorde...

On lit avec intérêt dans l'écho que donne erasmusmc à cette étude que selon Hilde Buiting, la décision d'arrêter les soins à un malade est prise plus vite aux Pays-Bas que dans d'autres pays.

« Pensez par exemple à l'administration artificielle de la nourriture et de l'hydratation. Dans les pays catholiques, comme l'Italie, on continue plus longtemps leur administration. Une situation que l'on retrouve parmi divers groupes de population aux Pays-Bas. On ne prend pas non plus très tôt la décision de stopper l'administration de nourriture et d'hydratation parmi des groupes d'immigrés non-occidentaux, comme les Marocains, les Turcs ou les Surinamois. Les raisons varient selon l'environnement culturel du patient. La barrière de la langue et les convictions culturelles peuvent conduire à des problèmes de communication et à des malentendus à propos des possibilités qui existent pour alléger la souffrance d'un malade. »

Le problème, c'est que l'administration artificielle de nourriture et de liquide n'est pas, dans nos pays d'Occident, de soi un soin extraordinaire : il s'agit de soins dus à chaque patient quel que soit son état tant qu'ils ne sont pas nocifs, sources de souffrances directes inutiles ou totalement superflus du fait de l'aggravation de l'état du malade. Si bien que le fait de les retirer en vue de hâter la mort du patient constitue une euthanasie par omission.

Ce que l'on apprend au détour ce cette information, c'est que l'arrêt de soins ordinaires est déjà courante parmi la population autochtone aux Pays-Bas et que nul ne songe à classer les décès qui s'ensuivent au nombre des euthanasies.

Pour les étrangers rétifs à cette pratique – et ils sont de plus en plus nombreux à atteindre des âges avancés et à souffrir de pathologies lourdes – il faut donc construire des « ponts » entre leur culture et celle de leur pays d'accueil, les Pays-Bas, estime Hilde Buiting. Respecter leur différence, mais aussi mieux connaître leur culture. Pour mieux les aider à se laisser pousser vers la sortie ?

© leblogdejeannesmits.

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